Énergie & Climat

Cet immeuble de 7 niveaux est conçu comme une carcasse de béton massif et brut, bien isolée, où la masse assure l'inertie thermique et le confort des habitants, employés et visiteurs. Le mobilier fait office de cloisons pour délimiter des espaces modulables en fonction des besoins. Le mode de construction brut, quasi gros-œuvre, met en lumière le béton et fait l'économie des finitions. La collaboration avec l'immeuble voisin pour le partage du terrain et du chantier (grue, entrepreneur, ...) a permis de réaliser davantage d'économies.

Jusqu'il y a peu cette parcelle au cœur de la ville d'Anvers faisait piètre figure. Le bureau d'architecture Cuypers & Q y a construit pour son usage personnel et professionnel un bâtiment qui comporte, de bas en haut, un espace professionnel sur deux niveaux avec un patio, un étage-tampon entre les locaux professionnels et l'habitation où sont installées les chambres à coucher, un étage séjour avec coin repas en duplex et une terrasse couverte avec coin repos, un jardin en toiture et une véranda. Un jeu subtil avec les espaces et les fonctions ont permis à Cuypers et Q de s'installer confortablement sur une petite surface et de redonner une place à la nature pour laisser une empreinte écologique minimale.

Le projet est conçu comme une carcasse de béton massif et brut, bien isolée, où la masse assure l'inertie thermique et le confort nivelé pour les habitants, employés et visiteurs. Les mobiliers sont conçus comme des cloisons pour délimiter des espaces modulables et divisibles en fonction de l'évolution et des besoins.

Toutes les phases du processus de construction – avant, pendant et après – ont été guidées par une approche durable tant sur le plan de l'énergie que de l'empreinte écologique, du style de vie et de la philosophie de travail. Le bureau fait entre autres de l'autopartage pour les visites de chantier tandis que les propriétaires et les employés utilisent au maximum le vélo et les transports publics. Au niveau des techniques : ventilation équilibrée avec récupération de chaleur D+ et régulation en fonction de la demande et système de micro-cogénération avec condensateur. Les travaux de construction ont été réalisés par des entrepreneurs locaux qui utilisent des matériaux de la région.

Si l'autonomie du bâtiment en lui-même est assurée, son intégration dans le quartier a également été prise en considération. Les façades, par exemple, sont conçues en fonction d'une transparence maximale vers la ville tandis que les habitants comme les employés bénéficient au maximum des gains passifs de température et de lumière naturelle. Le mode de construction brute, quasi niveau gros-œuvre, met en lumière le béton et fait l'économie des finitions. La collaboration avec l'immeuble voisin pour le partage du terrain et du chantier (grue, entrepreneur ...) a permis de réaliser davantage d'économies.

Avec la construction de sa propre maison, Matthieu Delatte prouve qu'il y a d'autres manières de réaliser des maisons basse énergie, avec des techniques abordables, simples et écologiquement justifiables. Et cela même lorsque le terrain (en talus) ne semble pas, à première vue, apte à recevoir la construction d'une maison.

Matthieu Delatte a su tirer parti de la configuration du terrain (une parcelle bon marché, étroite et à grande dénivellation) pour concevoir une habitation intégrant les principes de la bioclimatique. Au centre de la maison et de la vision de l’architecte, le retour à la chaleur du foyer ancestral via l’utilisation d’un poêle de masse « zéro carbone ». Un chantier de 6 mois, des matériaux naturels et chaleureux et des finitions à réaliser soi-même au fur et à mesure ont permis à la famille de s’installer rapidement et de faire des économies.

La maison unifamiliale a été construite sur une parcelle extrêmement étroite avec une grande dénivellation nécessitant le recours à des parois pour retenir la terre. C'est justement la configuration du terrain et la pente bien orientée qui ont permis à Matthieu Delatte de concevoir une habitation intégrant les principes de la bioclimatique. La façade à rue, orientée vers le sud, s'ouvre généreusement pour tirer parti de la chaleur du soleil. La façade arrière est à moitié enterrée, limitant de ce fait les pertes de chaleur du côté nord et permettant de stocker la chaleur par inertie dans un mur isolé en béton de chanvre-chaux. La ventilation n'est pas mécanique mais se fait naturellement. Le vitrage à facteur solaire élevé (g=0,64) assure la pénétration optimale de la chaleur du soleil en hiver, tandis que la végétation abondante protège la façade sud en période estivale. Le besoin de chaleur de chauffage (estimée à 41kWh/m² par an) est fourni par un poêle de masse zéro carbone. L'utilisation d'un foyer est au centre de la réflexion et de la maison. Selon Mathieu Delatte, l’homme a besoin de pouvoir se réchauffer au coin du feu. L'unique intervention technologique est l'installation en toiture de capteurs solaires thermiques et d'un boiler solaire permettant d'assurer 70% des besoins en eau chaude sanitaire. Une citerne pour la collecte des eaux de pluie a également été installée.

Des considérations écologiques et de confort ont mené au choix de matériaux naturels pour l'isolation du bâtiment dont la structure est en bois : ballots de paille pour les murs extérieurs en élévation d'une épaisseur de 36 cm et du béton de chanvre-chaux dans les murs enterrés. Matthieu Delatte a choisi ces matériaux non seulement parce qu'ils sont entièrement biologiquement dégradables et bon marché, mais aussi en raison de leur grande inertie thermique : ils stockent la chaleur et la rendent lentement tandis qu'ils assurent la régulation du degré d'humidité de façon tout à fait naturelle. Contre le mur mitoyen, une structure en bois a été réalisée à l'intérieur de laquelle l'isolation est de la laine de bois. Les enduits extérieurs sont à base de chaux-plâtre et les enduits intérieurs à base d'argile et de chaux. Tous les matériaux de construction ont été choisis en raison de leurs caractéristiques économiques, techniques et écologiques, leur origine locale et la faculté de garantir un climat intérieur sain. Pour l'architecte, le bien-être des habitants est au coeur de sa réflexion, sans que cela ne tourne au luxe et à l'abondance. C'est la raison pour laquelle la construction est restée modeste. A l'avenir et en fonction de l'évolution de la situation financière, la maison pourra être progressivement  aménagée et transformée en fonction des besoins.

À La Roche-en-Ardenne, une ville historique qui vit du tourisme, la maison construite il y a plus d’un siècle n’était plus qu’une ruine dont seuls les murs pouvaient être sauvés. L’objectif de la restauration a donc été de moderniser complètement l’habitation au confort vétuste, tout en respectant ce patrimoine architectural mais aussi familial, puisque 5 générations profondément attachées à leurs racines s’y succédaient. Cette réalisation a séduit le jury par sa simplicité. Ici, pas de technologie impayable : la ruine a été restaurée en minimisant les coûts, l’énergie et les matériaux utilisés. La surface nette de 90m2 a été rentabilisée au maximum pour devenir une maison de vacances confortable et fonctionnelle pouvant héberger 6 personnes.
 

L'ouragan « Stan » : entre réforme agraire et pratiques chamaniques

Lorsqu'on tente d'expliquer une catastrophe naturelle, on a de plus en plus tendance à ne pas pointer exclusivement l'élément perturbateur lui-même - un ouragan, par exemple - mais à identifier également divers facteurs anthropiques (politiques, urbanistiques, démographiques, agricoles…) ayant aggravé ou modéré les impacts de celui-ci. Tout bénéfice pour une analyse multidisciplinaire. Mais, influencés par leurs lunettes occidentales ethno-centrées, beaucoup d'experts sont tentés, lorsqu'ils se penchent sur le Sud, de négliger une dimension supplémentaire située aux confins du symbolique et du spirituel : la tombée en désuétude de rites coutumiers.

Patrick Brocorens est chercheur en chimie à l'université de Mons et président de la section belge de l'Association for the Study of Peak Oil and Gas (ASPO- Association pour l'étude du pic du pétrole et gazier).

Le pic pétrolier représente le moment où la production de pétrole atteint un maximum avant de rentrer dans une phase de déclin. Cela fait 150 ans que l'humanité utilise les ressources pétrolières de façon industrielle, et son déclin pourrait durer tout aussi longtemps. Suite au dépassement récent de ce pic et au manque d'information du grand public le concernant, il a décidé de sensibiliser la population via l'ASPO afin que l'on puisse entamer une phase de transition. Cette phase permettra à l'ensemble de la population de s'adapter de façon moins abrupte aux changements qui découleront du déclin de la production pétrolière.

Julie Hermesse est anthropologue de formation. Elle travaille à l'UCL au laboratoire d'anthropologie prospective  et est chargée de recherche au FNRS. Elle est également membre du GIRAF (Groupe Interdisciplinaire belge de Recherche en Agroécologie). Les recherches de Julie Hermesse portent sur les pratiques plus résilientes que des agriculteurs développent ou remettent en place face aux phénomènes hydro-météorologiques forts, tels que les ouragans, exacerbés par les changements climatiques. Elle a mené ses recherches au Guatemala, à Cuba, aux Philippines et depuis 2014 en Belgique aussi. L'originalité de ses recherches est d'allier ces thématiques d'ordre environnemental avec un regard anthropologique. Ainsi, Jullie Hermesse ne se limite pas aux pratiques mises en place, mais elle adresse également les questions de sens ("qu'est-ce que l'ouragan signifie pour les populations?") et de transmission des pratiques.

Sa thèse doctorale "L'ouragan Stan : quand des glissements de terrain dévoilent des transformations environnementales et culturelles. Ethnographie d'une municipalité de l'altiplano mam du Guatemala", défendue en 2011 au Laboratoire d'anthropologie prospective de l’UCL a été nominée au Doctoral Thesis Award for Future Generations en 2013.