Agriculture & Rural Affairs

Évaluer et monitorer la performance globale des entreprises agricoles : expérimentation de la méthode CARE-TDL, comptabilité en multi-capitaux appliquée à la coopérative de la Tige Cointinne

Mesurer la performance d’une entreprise agricole se fait, traditionnellement, sur base de son bilan financier et de sa comptabilité. Or, cette manière de faire ne tient pas compte des capitaux humains (les producteur·rice·s, les volontaires…) et naturels (l’eau, le sol, la biodiversité, l’atmosphère…). Marie Collard a testé pour la première fois en Wallonie l’implémentation de la comptabilité socio-environnementale CARE-TDL (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology – Triple Depreciation Line), qui a la particularité d’intégrer et de visibiliser ces deux capitaux dans les comptes annuels de l’entreprise. Le choix s’est porté sur la coopérative maraîchère de la Tige Cointinne (3,2 hectares), à Noville-les-Bois. Des indicateurs comme la pénibilité mentale et physique du travail ou l’abondance et la diversité des vers de terre ont été analysés. Cette étude de cas a notamment permis de confirmer le potentiel de la méthode CARE-TDL comme outil d’évaluation de la performance globale de l’entreprise et d’aide à la décision. Parmi les limites relevées : son aspect chronophage et la complexité de sa mise en œuvre.

A télécharger : Mémoire Marie Collard (PDF)
Intervention de Marie lors du webinaire, à partir de 01:04:41

Un outil à 360° pour mieux évaluer la multi-performance de l’agroécologie.

Alors que la plupart des systèmes agricoles sont aujourd’hui évalués en tenant compte principalement du rendement, la thèse de Fanny Boeraeve analyse une autre grille d’évaluation, qui tient compte des externalités négatives et positives, sociales et environnementales : « l’évaluation intégrée des services écosystémiques ». Elle applique cet outil systémique au Réseau des Fermes Novatrices, un réseau hennuyer d’agriculteurs développant depuis une dizaine d’années des pratiques agroécologiques en grandes cultures orientées vers plus de résilience et d’autonomie. Par une approche bottom-up et de terrain, sa thèse démontre en théorie et en pratique que les systèmes agroécologiques restaurent une plus grande diversité de services systémiques que les systèmes conventionnels : résilience à l’érosion, diminution des ravageurs, activité microbienne intense... Fanny Boeraeve formule également des suggestions d’amélioration des processus de science participative.

> A télécharger : Thèse Fanny Boeraeve (PDF)
> Intervention de Fanny lors du webinaire, à partir de 00:03:19 :

Thèse Fanny Boeraeve (PDF)

Clemens Wolfram, Nicholas Demarcus et Martin Wazlawczyk sont des étudiants internationaux du master en innovation et entrepreneuriat de l’Antwerp Management School. Incubés au Voka et avec l’aide de leur coach Sven de Vocht, ils construisent et développent la ferme verticale de nouvelle génération, AromeFarms. AromeFarms fournit des fruits et légumes frais, sains et durables d’origine locale aux villes d’Europe, car elle permet de cultiver des tomates, poivrons et concombres à large échelle dans des installations réellement verticales.

AromeFarms se focalise sur une agriculture locale et durable, elle tire parti des atouts de l’agriculture verticale et de l’innovation technologique pour faire pousser des herbes aromatiques et des légumes feuilles mais aussi toutes sortes de fruits et de légumes. AromeFarms utilise un système de culture modulaire unique en son genre sur une surface qui peut aller de 1 m2 à des centaines, voire des milliers de mètres carrés. Ces systèmes peuvent être installés partout et à tout moment pour répondre à la demande. AromeFarms propose des modules de culture pour les détaillants qui souhaitent montrer à leurs clients comment poussent leurs produits, mais aussi des fermes à grande échelle en zone urbaine. Ce processus fait appel à une technologie intelligente dans le Cloud afin d’optimiser en permanence le processus et donc le rendement et de réduire le délai de croissance ainsi que la consommation de ressources. AromeFarms va bientôt livrer des fruits et légumes frais et durables d’origine locale à un magasin proche de chez vous.

"Étudiants entrepreneurs à l’Antwerp Management School, nous avons bénéficié de la possibilité exceptionnelle de nous concentrer intensément sur le principal problème de la durabilité : l’agriculture. Après avoir découvert que l’agriculture verticale convenait exclusivement aux légumes verts et aux herbes aromatiques, nous avons eu l’idée de concevoir la technologie qui permet une production verticale et durable de produits plus nutritifs et plus populaires comme des tomates, des poivrons et des concombres. Avec l’aide de la Fondation pour les Générations Futures, nous sommes désormais en mesure d’achever notre prototype et de concrétiser une ferme durable afin d’approvisionner les villes européennes en produits frais."

AromeFarms remporte une bourse de prototypage de 5000€.

Les modèles agricoles wallons à l’horizon 2045-2099 : les atouts de l’agroécologie face aux changements climatiques.

Mathieu Delandmeter a comparé les performances agronomiques, alimentaires et environnementales de trois systèmes agricoles sur la période 1985-2009. L’un est le business as usual (cultures majoritaires en zone limoneuse en Wallonie et utilisation de fumier), l’autre est vegan (ni élevage, ni fumier), le dernier repose sur l’intégration cultures-élevage (recours notamment aux prairies temporaires). Il a ensuite étudié, par le modèle STICS, l’évolution des trois systèmes dans l’hypothèse des deux scénarios d’évolution climatique définis par le GIEC : RCP4.5 et RCP8.5 (2045/2069 et 2075/2099). La singularité de son approche est d’avoir pris en compte des indicateurs bien plus larges que le strict rendement des cultures : souveraineté alimentaire, bien-être des consommateur·rice·s, auto-suffisance, transport de marchandises, résistance au stress hydrique et thermique, teneur en carbone dans le sol, etc. Au final, les trois systèmes verraient les rendements globaux augmenter mais dans une proportion très variable et avec différents impacts et adaptations face aux changements climatiques.

> A télécharger : Mémoire Mathieu Delandmeter (PDF)
> Intervention de Mathieu lors du webinaire, à partir de 00:22:45 :

Faire mieux avec moins : réconcilier culture et élevage en Wallonie, et y réintroduire les légumineuses.

En Wallonie comme ailleurs, les flux d’azote jouent un rôle important dans la fertilité des sols agricoles, mais aussi dans la limitation des gaz à effet de serre et de la pollution des eaux. Le travail d’Estelle Compere Leroy et de Marie-Aline Cornu a consisté à étudier ces flux selon un point de vue systémique quantitatif et qualitatif, bien au-delà d’une analyse traditionnelle d’ingénierie agricole menée à l’échelle de la parcelle. Les deux auteures ont d’abord mis en évidence deux tensions majeures dans la gestion des flux d’azote en Wallonie, l’une quantitative, l’autre territoriale. Sur la base d’un dialogue co-construit avec 17 expert·e·s du secteur, elles ont ensuite élaboré deux scénarios susceptibles de répondre à ces tensions, l’un relatif à l’extension de l’agriculture biologique à l’horizon 2030, l’autre relatif à l’autonomie du cheptel en azote digestible. Deux leviers ont été identifiés pour lever les tensions : l’augmentation des surfaces cultivées en légumineuses et le renforcement collectif de l’intégration culture/élevage.

> A télécharger : Mémoire Estelle Compere Leroy et Marie-Aline Cornu (PDF)
> Intervention d'Estelle et Marie-Aline lors du webinaire, à partir de 00:03:29 :